Publié le 27 avr. 2019 à 1300Mis à jour le 29 avr. 2019 à 1814En ce mois d'élections européennes, Nous, l'Europe » tombe à point nommé. A l'heure où les débats politiques s'enlisent dans des luttes politiciennes picrocholines, à une époque où l'Union n'est plus un idéal à chérir, mais, dans tous les discours, un bouc émissaire à réformer, restructurer, voire annihiler, le geste littéraire de Laurent Gaudé en revient aux fondamentaux, à cette épopée, sanglante, et à cette utopie, rayonnante, dont l'Europe est la fille aînée, et que les citoyens semblent avoir proche, dans sa forme, de De sang et de lumière » que de Salina » ou Ecoutez nos défaites », Nous, l'Europe » - sous-titré Banquet des peuples » - est un long poème, un souffle littéraire sur les braises de l'Histoire. Partis de la révolution sicilienne de 1848, une année charnière qui en connaîtra d'autres, les vers libres de Laurent Gaudé - que Roland Auzet portera à la scène lors du prochain Festival d'Avignon - égrènent, au long de quinze chapitres, ces événements qui ont façonné l'Europe et ses peuples, de l'avènement du chemin de fer au retour des survivants de la Shoah, en passant par la colonisation forcenée, les deux conflits mondiaux et les élans révolutionnaires qui ont, çà et là, trahi les envies de liberté des hommes et causé la perte de leurs dirigeants, sombres ou communeJamais eurobéat, tant s'en faut, l'écrivain n'enjolive rien, mais prend une hauteur salutaire et met en perspective. Il porte la plume dans la plaie pour décrire les coups de génie et les errements mortifères, les tentatives de réconciliation et les pulsions de domination, et révéler cet héritage collectif, cette fondation commune, dont l'oubli menace aujourd'hui l'édifice tout entier. Ce que nous partageons/C'est d'avoir traversé le feu,/D'avoir été, chacun,/Bourreau et victime,/Jeunesse bâillonnée et mains couvertes de sang. »Avec sa plume ardente, souvent sans concessions, il n'adopte pas la posture de l'historien, mais celle du poète qui, comme Mark Twain et Arthur Conan Doyle en leur temps, n'hésite pas à dénoncer les bourreaux, de Léopold II à Lothar von Trotha, de Milosevic à Pétain, de Mussolini à Hitler, sur les noms de qui il invite à cracher ». Loin de livrer un simple exposé factuel, démonstratif, il préfère réinjecter de la sève, humaine, montrer que le récit européen est une histoire de muscles, de verve, de ferveur, de colère et de joies », comme il l'écrit en préambule, loin, très loin, de l'ennui désabusé » qu'elle suscite aujourd'hui. Il fallait bien cela pour tenter de réanimer ce cadavre européen, désormais à la l'Europede Laurent GaudéActes Sud192 pages, 17,80 euros, sortie le 2 mai VincentBouquet
Lancien Président de la République est monté sur scène au milieu de la troupe de Nous l’Europe, banquet des peuples, la pièce de Roland Auzet sur un texte de Laurent Gaudé. Surprise 0 Commentaires / 7 juillet 2019. François Hollande au Festival d’Avignon dans Nous, l’Europe de Laurent Gaudé, le spectacle de Roland Auzet Actu, Festival d'Avignon, Théâtre. Parmi les
Du 6 au 14 juillet, à 22 heuresCour du Lycée Saint-Joseph, 62 rue des Lices, 84000 Avignon Nous, l’Europe, Banquet des peuples © Christophe Raynaud de Lage ***Libre Théâtre vous recommande ce spectacle Comment un non » a été transformé en oui » par de petits arrangements d’arrière-cour ? Pourquoi nous autres, Européens, sommes-nous une foule plutôt qu’un peuple ? L’Europe est née de drames que l’on a voulu dédramatiser. La prudence et l’ennui sont à l’œuvre. Laurent Gaudé, tel un aède, nous conte l’odyssée de la construction européenne afin que notre passé devienne notre boussole, que nous construisions ensemble ce que nous voulons être, que nous retrouvions un langage commun, une éthique propre. Il cherche d’abord l’origine de l’Europe. Et dire d’où vient l’Europe n’est pas innocent naît-elle en 1848 quand Palerme se soulève, en 1830 avec le début de la révolution industrielle ? La superbe mise en scène de Roland Auzet, qui signe aussi la partition musicale, donne corps au poème de Laurent Gaudé avec onze comédiens, danseurs et chanteurs de nationalités différentes, onze voix européennes incarnant les protagonistes de ce récit des origines. Comme dans les tragédies antiques, le Chœur et la Maîtrise de l’Opéra du Grand Avignon donnent des respirations au spectacle, et commentent l’action, tout en symbolisant sa dimension collective et fraternelle. Et quand la rage est là, quand sont évoqués les cataclysmes qui ont précédé la naissance de cette belle idée, quand sont cités les noms de ceux qui ont pillé l’Afrique ou décidé de la solution finale crachez sur leurs noms !», ces chœurs font place aux hurlements d’une guitare et au tonnerre d’une batterie d’un duo de métal en fusion, nécessaire exutoire pour évacuer la spectacle lyrique et politique de Ruth Martinez Avec Robert Bouvier, Rodrigo Ferreira, Olwen Fouéré, Vincent Kreyder, Mounir Margoum, Rose Martine, Dagmara Mrowiec-Matuszak, Karoline Rose, Emmanuel Schwartz, Artemis Stavridi, Thibault VinçonEt le Choeur de l’Opéra Grand Avignon et quarante chanteurs amateurset chaque soir un grand témoin Susan George États-Unis / France,Ulrike Guérot Allemagne, François Hollande France, Pascal Lamy France, Eneko Landaburu Espagne, Enrico Letta Italie, Luuk van Middelaar Pays-Bas, Geneviève Pons France Texte Laurent Gaudé Conception, musique, mise en scène Roland AuzetScénographie Roland Auzet, Bernard Revel, Juliette Seigneur, Jean-Marc Beau Lumière Bernard RevelChorégraphie Joëlle BouvierVidéo Pierre Laniel Musiques électroniques Daniele GuaschinoCostumes Mireille Dessingy Collaboration artistique Carmen JolinAssistanat mise en scène Victor Pavel Lien vers le site du Festival d’Avignon
Tynl. 97 12 171 11 305 263 102 37 244
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